dimanche 21 janvier 2018

LAST FLAG FLYING LA DERNIÈRE TOURNÉE


Drame/Comédie/Un beau film sensible avec un superbe trio d'acteurs

Réalisé par Richard Linklater
Avec Bryan Cranston, Laurence Fishburne, Steve Carell, J. Quinton Johnson, Deanna Reed Foster, Yul Vazquez, Graham Wolfe, Jeff Monahan...

Long-métrage Américain 
Durée: 02h04mn
Année de production: 2017
Distributeur: Metropolitan FilmExport 

Date de sortie sur les écrans américains : 3 novembre 2017
Date de sortie sur nos écrans : 17 janvier 2018


Résumé : En 2003, Larry « Doc » Sheperd, un ancien médecin de la Navy, retrouve Sal Nealon, un gérant de bar et le révérend Richard Mueller. Tous les trois ont combattu ensemble au Vietnam mais ils ne s’étaient pas revus depuis trente ans. Larry est venu leur demander de l’accompagner aux funérailles de son fils, mort au combat en Irak et dont le corps vient d’être rapatrié aux Etats-Unis. Sur la route, l’émotion se mêle aux fous-rires car les trois hommes voient leurs souvenirs remonter et ils retrouvent leur camaraderie...

Bande annonce (VOSTFR)


Extrait "Il y a un temps pour tout" (VOSTFR)


Extrait "Cellulaires" (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé LAST FLAG FLYING LA DERNIÈRE TOURNÉE est un film très touchant. Son réalisateur, Richard Linklater, fait preuve de beaucoup de délicatesse pour nous accompagner dans cette histoire de deuil, de culpabilité et d'acceptation de la réalité. Bien que le sujet de fond soit d'une très grande tristesse (un père qui doit enterrer son fils), il réussit à parfaitement équilibrer le ton de son long-métrage pour le faire adroitement naviguer entre émotion et sourire. Il désamorce sans cesse la peine, mais on sent la douleur omniprésente. Il prend le temps de nous présenter le pourquoi et ses personnages de façon à ce qu'on s'attache à eux et qu'on comprenne leur passé et leur point de vue. Il attaque au passage les mensonges organisés du gouvernement et de l'armée, mais sans en faire un pamphlet politique, simplement en y confrontant des hommes concernés, donnant ainsi beaucoup de force à son propos. 

Les trois acteurs principaux sont excellents. Steve Carell, qui interprète Larry « Doc » Shepherd, exprime avec une sensibilité incroyable les tourments intérieurs de son deuil. Il est tout en retenu, mais on ne doute pas un instant de la crédibilité de sa peine. 


Les deux amis de Doc, Sal et Richard, sont comme les deux faces de la pièce qui lui permette de ne pas craquer et de tenir face à ce voyage terriblement difficile.


Bryan Cranston interprète Sal Nealon, le genre d'ami qui abandonne tout pour venir en aide à son pote et qui n'oublie jamais de donner son avis franc et direct en accord avec sa philosophie de vie un peu immature, mais sensée aussi. 




Laurence Fishburne est le révérend Richard Mueller, faux calme et vrai conseiller, il refuse de revenir sur un passé duquel il s'est distancié. Lui aussi va trouver un cheminement intérieur en échangeant avec ses vieux amis.



Ces protagonistes sont superbement dessinés au travers des dialogues et des situations qu'ils abordent. 

La fin du film est magnifique et très émouvante. Elle donne tout son sens à l'ensemble.
LAST FLAG FLYING LA DERNIÈRE TOURNÉE est une aventure qui remue le cœur des spectateur par ses thèmes, sa franchise et la très belle interprétation de son trio d'acteurs principaux. N'hésitez pas à aller le découvrir.


NOTES DE PRODUCTION
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

LAST FLAG FLYING est tout à la fois un engagement solennel, une protestation contre l’injustice et une célébration de la vie ; c’est un film à la fois insolent, drôle, profane et profondément émouvant, où les émotions sont traitées avec autant de justesse que de délicatesse et où le rire perce à travers les larmes... Richard Linklater nous offre un magnifique moment de cinéma servi par un somptueux trio de comédiens.

DU ROMAN À L’ÉCRAN

Le scénariste et réalisateur Richard Linklater se souvient encore parfaitement de ce qu’il a ressenti il y a douze ans en refermant Last Flag Flying, le roman de Darryl Ponicsan. Le cinéaste nommé cinq fois aux Oscars raconte : « J’ai tout de suite pensé que ce livre ferait un film fantastique. À l’époque, la guerre en Irak était déjà un désastre, et le parallèle que dressait Darryl Ponicsan entre ce conflit et la guerre du Vietnam était saisissant. Ce thème trouvait écho en moi, mais ce sont avant tout les personnages de Doc, Sal et Mueller qui m’ont touché. Je suis tombé sous le charme de ces trois quinquagénaires, j’avais envie d’en apprendre davantage sur leurs vies et de dresser le portrait de ce trio de vétérans du Vietnam. »

Le réalisateur a entrepris d’adapter le roman pour le grand écran dès 2006 mais cette première version, dont l’action se déroulait en 2005, n’a pas vu le jour. Il explique : « Le moment était mal choisi. La société n’était pas encore prête à faire l’analyse de cette guerre qui se déroulait juste sous nos yeux et semblait sans fin. Les meilleurs films de guerre sont généralement ceux qui voient le jour plusieurs années après le conflit qu’ils décrivent, quand les gens sont enfin prêts à se pencher sur les évènements. »

Il y a environ deux ans, les deux hommes ont décidé de donner une nouvelle chance au projet. Richard Linklater raconte : « Je me souviens m’être dit qu’il serait plus intéressant d’aborder LAST FLAG FLYING à la manière d’un film d’époque, en le situant en décembre 2003, au moment de la capture de Saddam Hussein. Darryl et moi étions convaincus que les spectateurs se souviendraient de cet évènement et que cela ancrerait l’histoire dans une sorte de réalité commune, ce qui était l’intention initiale du roman. »

Darryl Ponicsan, qui a servi au sein de la marine américaine dans les années 1960, est également l’auteur de The Last Detail, dont est adapté LA DERNIÈRE CORVÉE, le film de 1973 acclamé par la critique et interprété par Jack Nicholson, Otis Young et Randy Quaid dans les rôles de sous-officiers de la marine qui décident d’offrir une virée inoubliable au jeune détenu qu’ils escortent en prison. Bien que l’écrivain ait imaginé Last Flag Flying comme une suite à son premier roman, la version révisée du scénario s’éloigne sensiblement du livre, en particulier au regard des expériences vécues par les personnages durant la guerre du Vietnam.

Lorsqu’on lui demande si LAST FLAG FLYING est la suite de LA DERNIÈRE CORVÉE, Richard Linklater précise : « Non, mais la question est logique puisque le roman sur lequel est basé le film est lui-même la suite de The Last Detail. Le processus d’adaptation a été long mais je pense que nous avons finalement créé quelque chose d’assez unique. Si le film avait vu le jour il y a une dizaine d’années, il aurait sans doute davantage eu des airs de suite. Cela ne s’est pas fait mais au lieu d’être enterré, le projet, à l’image de la guerre, a perduré. Il n’était pas question de priver les spectateurs de personnages aussi savoureux. »

Armé de la nouvelle version du scénario, Richard Linklater a contacté Ted Hope, le producteur de films indépendants tels que 21 GRAMMES, IN THE BEDROOM ou encore AMERICAN SPLENDOR aujourd’hui à la tête de la production pour Amazon Studios. Le réalisateur explique : « J’étais convaincu que nous étions prêts à nous pencher sur les origines de la guerre en Irak, à nous confronter au sentiment que nous avons tous ressenti après le 11 septembre, à la paranoïa qui s’est emparée des États-Unis face à l’impensable et à tenter de comprendre pourquoi nous avons répondu comme nous l’avons fait. Dix ans plus tard, l’histoire me semblait plus opportune que jamais, et Ted a partagé mon avis. »

Les films du réalisateur se caractérisent notamment par la qualité de leur distribution, qu’il s’agisse de GÉNÉRATION REBELLE, le classique sur l’adolescence de 1993, de la trilogie BEFORE ou de BOYHOOD, le drame familial tourné sur une période de 12 années. Et il a de nouveau pu compter sur son intuition pour LAST FLAG FLYING dans lequel il a rassemblé Steve Carell, Bryan Cranston et Laurence Fishburne dans le rôle d’un trio de soldats autrefois liés comme les doigts de la main.

Il déclare : « Steve, Laurence et Bryan sont très drôles, mais chacun d’entre eux possède son propre sens de l’humour et sa propre personnalité. Leurs personnages étaient comme des frères il y a 30 ans et nous voulions en quelque sorte leur faire remonter le temps pour voir ce que cela provoquerait en eux. »

TRENTE ANS APRÈS

Steve Carell, que l’on a pu voir dans des comédies aussi inoubliables que « The Office » ou 40 ANS, TOUJOURS PUCEAU ainsi que dans FOXCATCHER, le film dramatique qui lui a valu une nomination à l’Oscar, et le blockbuster de 2015 THE BIG SHORT : LE CASSE DU SIÈCLE, a sauté sur l’occasion de collaborer avec Richard Linklater. Il déclare : « Richard est un réalisateur formidable, c’est ce qui m’a initialement attiré, et lorsque j’ai appris que Laurence Fishburne et Bryan Cranston y prenaient également part, j’ai été ravi. J’avais très envie de travailler avec eux. Avouez qu’il est difficile de trouver meilleurs partenaires ! »

L’acteur confie avoir aussi été séduit par le scénario de LAST FLAG FLYING. « Le script de Richard et Darryl était très émouvant et vraiment unique, au point que je ne considère pas ce film comme un film de guerre à proprement parler mais plutôt comme un film sur les relations humaines ou un road trip. On pourrait aussi presque parler d’une réunion d’anciens élèves parce qu’il est question de trois hommes qui ne se sont pas vus depuis 30 ans et qui sont réunis par un évènement tragique. Ils sont alors forcés de reconsidérer leurs relations, leur identité et les liens qui les unissent encore – ou pas. Pour moi, la guerre n’est que la toile de fond sur laquelle s’écrivent les interactions entre ces trois hommes. »

Pour préparer ce rôle, Steve Carell s’est tourné vers son père, vétéran de la Seconde Guerre mondiale. Il déclare : « Je n’ai jamais servi dans l’armée, alors quand j’ai accepté le rôle de Doc, je me suis appuyé sur l’expérience de mon père. Il m’a raconté ses années de service et l’attitude de ses compagnons d’armes, mais également le climat de peur qui régnait. Il n’avait jamais évoqué ces détails lorsque mes frères et moi étions enfants. Il minimisait son expérience pour qu’elle ne nous affecte pas de manière négative et racontait ce qu’il avait fait avec énormément d’humilité. Cela m’a donné à réfléchir car je tenais à comprendre de mon mieux ce que ces hommes avaient vécu. »

En creusant son personnage, l’acteur en est venu à le considérer comme le « petit frère » de Sal et Mueller. Il raconte : « Doc ne possède pas la même force de caractère que ses deux camarades, c’est pourquoi ils l’ont pris sous leur aile au Vietnam. » On découvre au fil de l’histoire que Doc a couvert ses amis et passé deux ans dans une prison de la marine américaine pour un crime dont les conséquences les hantent toujours tous les trois. Mais ça, c’était il y a 30 ans. Steve Carell déclare : « Doc est désormais un homme placide, calme et contemplatif. Il mène une vie simple, entouré par ce qui compte le plus pour lui : sa famille. »

Richard Linklater était convaincu que Steve Carell saurait exprimer la force tranquille de Doc. Le réalisateur commente : « J’ai vu tout ce qu’a fait Steve. En plus d’être un fabuleux acteur, je trouve qu’il possède une grande sensibilité. Il est toujours en train de réfléchir et sa vie intérieure est palpable à l’écran. LAST FLAG FLYING souligne ses immenses qualités de coeur. Dès la première scène, alors qu’il se fait arroser par la pluie et que la caméra mime le poids du monde qui l’écrase lentement, on sent qu’un nuage noir plane au-dessus de lui. Doc est un personnage passif, mais Steve lui confère une telle humanité qu’on ne peut s’empêcher de le suivre dans le douloureux périple qu’il entreprend. Comme je le lui ai dit dès le départ, LAST FLAG FLYING est avant tout l’histoire de Doc. C’est un rôle difficile et complexe qu’il interprète avec brio. »

L’acteur chevronné Laurence Fishburne a été séduit par la filiation littéraire entre LAST FLAG FLYING et LA DERNIÈRE CORVÉE, un film qu’il se souvient avoir vu quelques années avant de décrocher le rôle qui l’a révélé dans APOCALYPSE NOW, le classique sur la guerre au Vietnam réalisé par Francis Ford Coppola en 1979. L’acteur, nommé à l’Oscar pour le rôle d’Ike Turner dans TINA en 1993, explique : « L’une des choses qui m’a plu dans ce projet, c’est le lien avec LA DERNIÈRE CORVÉE, qui fait partie des films avec lesquels j’ai grandi dans les années 1970. L’intérêt de LAST FLAG FLYING repose également sur le fait qu’il parle des vétérans de deux conflits différents : le Vietnam avec Doc, Mueller et Sal, et l’Irak avec Washington. Et ces quatre hommes ont beaucoup en commun. Pour moi, ce film était avant tout l’occasion de montrer ce à quoi les soldats sont confrontés lorsqu’ils rentrent au pays. »

Laurence Fishburne était par ailleurs impatient de retravailler avec Bryan Cranston, qu’il avait rencontré sur CONTAGION de Steven Soderbergh en 2011. Il commente : « Bryan et moi nous étions si bien entendus à l’époque que je ne pouvais pas laisser passer l’occasion. Steve Carell est quant à lui quelqu’un de brillant qui fait preuve d’une incroyable sobriété, en particulier dans le drame. Je ne savais jamais ce qu’il allait dire ou comment il allait le dire, mais à chaque fois je me demandais pourquoi je n’y avais pas pensé ! »

Pour développer son personnage, Laurence Fishburne, sans doute plus connu du public international pour le rôle de Morpheus dans MATRIX, s’est appuyé sur le riche passé de Richard Mueller. Hanté par la violence dont il a été témoin au Vietnam, celui-ci a trouvé refuge dans l’alcool avant de changer de vie et de devenir le pasteur d’une petite église majoritairement fréquentée par des fidèles afro-américains. L’acteur note : « Le passage de la vie civile à la vie militaire vous transforme profondément. Et si vous avez la chance de survivre à la guerre et de revenir à la vie civile, cela vous demande à nouveau de vous adapter. C’est un processus difficile. »

Lorsqu’il lui a fait parvenir le scénario de LAST FLAG FLYING, Richard Linklater n’imaginait personne d’autre que Laurence Fishburne dans le rôle de Mueller. Le réalisateur explique : « Nous nous sommes mis à discuter et Laurence m’a dit que bien qu’il n’ait jamais fait partie des Marines, il avait passé trois ans en leur compagnie pendant le tournage d’APOCALYPSE NOW aux Philippines. Il a en outre tourné dans plusieurs autres films de guerre tels que JARDINS DE PIERRE et est un habitué des personnages de militaires. Tout dans son interprétation indique que Mueller est un vétéran. »

Mueller dévoile progressivement des facettes inattendues de sa personnalité. L’image du pasteur mesuré s’évapore après quelques heures passées en compagnie de ses anciens compagnons d’armes. Richard Linklater raconte : « Lorsqu’ils se retrouvent, les trois amis reprennent naturellement les rôles qu’ils avaient pendant la guerre. Cela prend du temps, mais Sal réussit à faire ressortir la véritable personnalité du révérend Mueller. Lorsque Sal manque de les tuer en faisant la course avec un semi-remorque, Mueller n’arrive plus à se contenir. C’est comme si le lion sortait enfin de sa cage et pendant le reste du film, le personnage est tiraillé entre le Marine qu’il était et l’homme d’Église qu’il est devenu. Et Laurence exprime ce conflit intérieur avec brio. »

Avant que LAST FLAG FLYING ne retienne son attention, l’acteur primé six fois aux Emmy Awards Bryan Cranston envisageait de prendre des vacances bien méritées après plusieurs mois d’activité intense entre une pièce à Broadway (« All the Way »), une série télévisée (« Sneaky Pete »), des films (INFILTRATOR, THE DISASTER ARTIST) et une tournée de promotion pour son autobiographie, A Life in Parts. Mais l’attrait combiné du réalisateur, de l’histoire et de la distribution a eu raison de la décision de la star de « Breaking Bad ».

Il déclare : « LAST FLAG FLYING ne tombait pas au meilleur moment car je me réjouissais à l’idée d’avoir un peu de temps pour moi loin des caméras. Richard est connu pour le caractère courageux et audacieux de ses films, mais je tenais à lire le scénario car le plus important pour moi reste l’histoire. Il faut ensuite que le personnage m’intéresse, et LAST FLAG FLYING cochait toutes les cases. Je suis aussi un grand fan de Darryl Ponicsan et de LA DERNIÈRE CORVÉE, alors quand j’ai appris que Steve Carell et Laurence Fishburne avaient déjà donné leur accord, je me suis dit que les vacances pouvaient bien attendre encore un peu ! »

Bryan Cranston a travaillé avec Richard Linklater afin d’étoffer le personnage de Sal Nealon, un ex-Marine coureur de jupons désormais propriétaire d’un bar. L’acteur raconte : « Sal est un personnage intéressant parce qu’il parvient à dissimuler ses émotions derrière une énergie débordante naturellement présente chez lui, mais décuplée par la consommation de diverses substances. Sal est tout le temps en train de parler, de fumer, de manger, de boire ou de mâcher un chewing-gum, sa bouche est constamment en mouvement. Il agace d’ailleurs Mueller au plus haut point. Il est comme le grain de sable qui se faufile dans l’huître… mais qui donne finalement naissance à une perle. »

La tension dramatique tout comme l’humour de LAST FLAG FLYING sont principalement alimentés par la camaraderie masculine un peu bourrue qui unit les trois personnages principaux. Bryan Cranston déclare : « Doc, Mueller et Sal ne sont pas du genre à se dire qu’ils s’aiment, ça ne leur viendrait même pas à l’esprit. Leur présence suffit à exprimer ce qu’ils ressentent. Ils n’ont pas besoin de grandes effusions pour se montrer leur affection, ils préfèrent aller boire un verre. Sal pratique l’automédication pour dissimuler la douleur et la culpabilité qui l’accompagnent depuis son retour du Vietnam. Il n’aime pas dévoiler ses sentiments et les noie principalement dans l’alcool. Il se considère comme un boute-en-train mais au cours de ce road-trip, il va s’ouvrir et découvrir à quel point l’amitié est importante. »

Richard Linklater a encouragé l’acteur à livrer une performance exubérante qui s’oppose en tout point à l’interprétation tout en retenue de Steve Carell. Le réalisateur explique : « Les spectateurs s’attendent davantage à voir Steve dans un rôle comique et Bryan dans un rôle dramatique, mais dans LAST FLAG FLYING c’est l’inverse. Bryan est un acteur caméléon qui donne tout et se fond dans son personnage au point de devenir quelqu’un de complément différent. Être capable de passer de « Malcolm » à « Breaking Bad » et d’interpréter Lyndon B. Johnson est en soi une performance. Dans LAST FLAG FLYING, il apporte énormément d’énergie et d’inventivité à Sal. »

LES RÉPÉTITIONS

Avant le début du tournage de LAST FLAG FLYING, Richard Linklater a rassemblé Steve Carell, Laurence Fishburne, Bryan Cranston, J. Quinton Johnson, qui interprète le jeune première classe Charlie Washington, et Yul Vasquez, qui incarne le colonel Wilits à Los Angeles pour deux semaines de répétitions.

Ensemble, le réalisateur et les acteurs ont parcouru les principaux éléments de l’histoire. Tout au long du processus, loin de leur imposer sa vision, Richard Linklater a encouragé les acteurs à s’approprier leurs personnages. Bryan Cranston raconte : « Richard est quelqu’un de très calme, il n’élève jamais la voix. Il laisse toujours le choix aux acteurs de dire ce qui leur semble le plus approprié. Il n’est pas du genre à donner des instructions précises, il choisit des acteurs dont il sent qu’ils seront capables de s’approprier leurs personnages et de les présenter de la manière la plus authentique possible. Il a fait les ajustements nécessaires au cours des répétitions de manière à ce que le tournage se déroule sans problème. »

Cette période a également permis aux acteurs principaux et au réalisateur de faire plus ample connaissance. Richard Linklater déclare : « Ça a été agréable de passer du temps tous ensemble et d’apprendre à nous connaître. Les répétitions ont surtout consisté à relire le scénario, poser des questions et définir le passé des personnages. Nous avons finalement fait très peu d’exercices pratiques. Tous les acteurs du film sont brillants et ils tenaient à interpréter leurs personnages avec le plus de réalisme possible, c’est donc là-dessus que nous avons travaillé. J’ai également réécrit plusieurs scènes au cours de cette période, guidé par leurs suggestions. »

DIRECTION LA PENNSYLVANIE

Le tournage de LAST FLAG FLYING a duré 32 jours et a débuté à l’automne 2016 à Pittsburgh. La topographie variée de l’État de Pennsylvanie a servi de doublure à la Virginie, au Delaware, au Massachussetts et au New Hampshire. Richard Linklater, qui a passé une longue journée à la fin du tournage à filmer les trois interprètes principaux dans et autour de Pennsylvania Station à Manhattan, déclare : « Nous nous sommes entre autres rendus à New York, mais de manière générale, Pittsburgh nous a servi de base pour explorer le nord-est du pays. »

Richard Linklater et la productrice Ginger Sledge ont fait appel à des collaborateurs de longue date, dont le directeur de la photographie Shane Kelly, la chef costumière Carrie Perkins et le chef décorateur Bruce Curtis. Le réalisateur explique : « Engager des chefs de département avec lesquels j’avais déjà travaillé à plusieurs reprises a rendu les choses plus faciles en matière de communication. J’avais d’autre part l’impression d’avoir tourné maintes fois ce film dans ma tête au fil des années. »

La deuxième partie de LAST FLAG FLYING se déroule principalement à bord de trains tandis que les trois vétérans du Vietnam, accompagnés du caporal Washington, escortent le cercueil de Larry Jr. du Delaware vers le New Hampshire. Ginger Sledge a contacté la direction de l’entreprise ferroviaire publique américaine Amtrak six mois avant le début du tournage afin de coordonner ces scènes. Elle confie : « Je voyage très souvent avec Amtrak, je connais donc très bien leurs trains et j’étais très enthousiaste à l’idée de collaborer avec eux sur ce film. Cela a pris du temps pour tout mettre en place, mais finalement, ils nous ont accordé presque tout ce que nous leur avions demandé. »

Le directeur de la photographie Shane Kelly, qui avait filmé BOYHOOD en 35mm, a cette fois-ci opté pour la VariCam de Panasonic. Il explique : « C’est une formidable caméra qui m’a grandement facilité la vie avec le planning serré du tournage et le modeste budget du film. Pour les scènes de nuits en extérieur, il a fallu que j’augmente les ISO afin de capter la faible luminosité, et la VariCam est parfaite pour cela. Elle capte également à merveille les différentes couleurs de peau et les mélanges de températures de couleur, comme c’est souvent le cas dans ce film, en particulier en ville où se mêlent plein de sources de lumière différentes. »

À l’inverse de sa précédente collaboration avec Richard Linklater, le très lumineux EVERYBODY WANTS SOME!!, l’atmosphère sombre de LAST FLAG FLYING a permis à Shane Kelly d’explorer l’autre extrémité du spectre. Le chef opérateur déclare : « Ce film m’a permis de créer une esthétique sombre et de repousser mes limites dans des domaines que je n’avais pas encore eu l’occasion d’explorer. »

L’esthétique de LAST FLAG FLYING est en partie inspirée des films des années 1970 préférés de Richard Linklater. Il confie : « Nous avons pris plaisir à faire un clin d’oeil à l’esthétique grunge des films des années 1970 puisque nos personnages ont connu cette époque. Je trouve que cela enrichit beaucoup la palette du film. »

Le style visuel reflète également l’atmosphère émotionnelle du film, notamment à travers la météo lugubre qui semble accompagner les personnages partout où ils vont. Le réalisateur explique : « Nous avons voulu instaurer une atmosphère très particulière dans ce film, non seulement sur le plan photographique, mais également à travers les décors. L’histoire se déroule en décembre, tout évoque donc l’hiver, y compris la pluie quasi incessante. Lorsque le soleil pointait le bout de son nez, on se réfugiait à l’intérieur. Sur la plupart des films c’est généralement le contraire : on s’abrite lorsqu’il pleut ou que le temps se gâte, mais nous, c’était en cas d’ensoleillement que nous allions tourner en intérieur ! »

Sur le tournage, l’atmosphère était très décontractée, chacun apportant sa pierre à un édifice collectif. Laurence Fishburne se souvient : « Richard accorde aux acteurs comme aux techniciens une immense liberté. Nous nous rassemblions tous les matins dans sa loge pendant une vingtaine de minutes pour évoquer les principales scènes de la journée, parcourir le script et proposer nos idées. Il discutait ensuite de la logistique du tournage avec Shane et avec nous du contenu émotionnel de chaque scène, sans vraiment insister. C’est quelqu’un qui a confiance en lui et dans les aptitudes de ceux qui l’entourent, ce qui crée une formidable atmosphère de travail. »

L’ÉMOTION DE VETERANS DAY

L’une des séquences les plus mémorables de LAST FLAG FLYING a été filmée dans le hangar d’un aéroport de Pennsylvanie transformé pour l’occasion en base aérienne de Dover par le chef décorateur Bruce Curtis. Comme l’explique le film, c’est sur cette base aérienne du Delaware qu’arrivent les dépouilles des soldats morts au combat avant d’être transportées vers le cimetière d’Arlington ou d’autres lieux de sépulture.

Le tournage sur le site a débuté le 9 novembre 2016. Richard Linklater raconte : « C’était le jour de l’élection présidentielle, je ne l’oublierai jamais. En pénétrant sur le décor, j’ai découvert cinq cercueils enveloppés de la bannière étoilée et un immense drapeau américain suspendu au mur. En voyant tous ces drapeaux, j’ai vraiment pris conscience de la portée de cette scène et de cette tragédie, mais également de la douleur des familles de voir revenir leurs proches dans ces boîtes. Tout au long du tournage, plusieurs moments comme celui-ci nous ont rappelé le caractère tragique de la guerre en général et de celles dont il est question dans ce film en particulier… Il était impossible de ne pas y être sensible. »

Bryan Cranston garde lui aussi un souvenir ému de ces quatre jours passés sur le décor de la base aérienne de Dover. La date du tournage coïncidait en outre avec le Veterans Day, une journée commémorative en l’honneur des anciens combattants célébrée le 11 novembre. L’acteur raconte : « Lorsque nous avons vu pour la première fois ces cercueils recouverts du drapeau américain, exposés en chapelle ardente, tout le monde s’est tu. Nous savions qu’ils étaient vides, mais en tant qu’acteur on doit se convaincre que des êtres humains reposent à l’intérieur de chacun d’entre eux, des soldats qui ont servi leur pays et y ont laissé leur vie. Filmer cette scène à l’occasion du Veterans Day a donné une tout autre dimension à cette expérience, cela nous a obligés à nous interroger sur le sens du sacrifice de ces jeunes gens. »

Laurence Fishburne a également été profondément touché par la séquence dans laquelle le colonel Wilits, interprété par Yul Vazquez (INFILTRATOR), ne peut dissuader Doc d’ouvrir le cercueil où repose le corps mutilé de son fils. Il confie : « Ça a été une leçon d’humilité. J’ai pris conscience de l’immense dette que nous avons envers les femmes et les hommes qui servent dans les forces armées et se battent à travers le monde en notre nom avant, si tout se passe bien, de rentrer chez eux – parfois intacts, parfois brisés. Nous leur devons une profonde reconnaissance, le respect et l’honneur. Je pense que c’est le message principal du film et j’espère que nous rendons hommage à leur sacrifice à travers cette histoire. »

TOUCHES FINALES

Lorsque le tournage principal s’est achevé fin 2016, Richard Linklater a retrouvé Sandra Adair en salle de montage. La monteuse déclare : « Les performances des acteurs étaient tellement incroyables que le défi a surtout consisté à réduire le film à une durée raisonnable. Il y avait énormément de rushs à visionner mais j’ai essayé d’être la plus méticuleuse possible et de ne garder que le meilleur de chaque prise. »

Sandra Adair, qui a monté tous les films de Richard Linklater depuis GÉNÉRATION REBELLE, sait désormais d’instinct ce que recherche le réalisateur. Elle commente : « Richard est particulièrement sensible aux mots et à la manière dont les personnages sont présentés visuellement, ce sont des éléments auxquels je prête donc une attention toute particulière. Il est attentif aux nuances que d’autres ne remarqueraient probablement pas. Lorsque je peux visionner toutes les prises les unes à la suite des autres, je parviens généralement à comprendre ce qu’il a cherché à exprimer dans la scène. Et en la matière, la dernière prise est souvent la meilleure car une fois qu’il a obtenu ce qu’il voulait, il passe à autre chose. Mais il arrive que la dernière prise ne fonctionne pas avec ce qui précède ou ce qui suit. Toute la difficulté consiste donc à juxtaposer des performances qui s’accordent les unes aux autres pour donner l’impression qu’elles ont été jouées au même moment. »

Pour la musique de LAST FLAG FLYING, Richard Linklater s’est tourné vers Graham Reynolds, avec qui il collabore fréquemment. Le compositeur basé à Austin a ainsi créé des thèmes aux sonorités Americana qui reflètent l’atmosphère subtilement changeante du film. Graham Reynolds, à qui Richard Linklater avait déjà confié l’écriture de la musique de BEFORE MIDNIGHT, BERNIE et A SCANNER DARKLY, déclare : « Déterminer avec précision la palette musicale d’un film est toujours délicat. Pour LAST FLAG FLYING, cette palette est relativement simple. La musique n’a pas pour but de faire ressentir aux spectateurs des émotions inventées de toutes pièces mais de souligner et d’intensifier légèrement celle déjà présente dans la scène. Je tenais à ce que la musique trouve sa place dans le film sans interférer avec l’extraordinaire alchimie qui existe entre les acteurs. »

Après que le réalisateur lui ait montré la première version du film, le compositeur a imaginé trois thèmes récurrents. Il détaille : « J’ai composé un morceau pour accompagner les scènes de road-trip puisque le film est aussi un « buddie movie », mais le caractère tragique de l’histoire m’a également amené à écrire un thème pour le fils de Doc, dont le cercueil apparaît régulièrement tout au long du film. Enfin, j’ai imaginé un morceau sur l’amitié. Par moment, ces trois thèmes viennent se superposer. »

Pour accentuer encore le caractère élégiaque de l’histoire à travers la musique, Richard Linklater a invoqué l’esprit de Bob Dylan, figure majeure de la folk américaine. Il se souvient : « À plusieurs reprises, j’ai demandé à Graham ce que ferait Bob Dylan si c’était lui qui composait la musique de LAST FLAG FLYING. Il nous a d’une certaine manière accompagnés tout au long du film. Sa musique fait en effet le lien entre les deux guerres dont il est question, celle du Vietnam et celle d’Irak. Il est certes plus âgé que les protagonistes du film, mais pas de beaucoup. »

Le cinéaste a en outre choisi « Not Dark Yet » de Bob Dylan pour accompagner le générique de fin du film. Il explique : « Ce titre correspondait parfaitement à ce que je souhaitais exprimer, je n’en suis pas revenu quand nous avons obtenu le droit de l’utiliser. »
Autre clin d’oeil à l’Americana, LAST FLAG FLYING comprend également un morceau interprété par Levon Helm du groupe The Band, « Wide River to Cross », qui accompagne la scène poignante dans laquelle Doc coordonne l’enterrement de son fils.

UN ROAD MOVIE TRAGI-COMIQUE

Steve Carell, qui tient le rôle du père endeuillé, moteur de l’action de LAST FLAG FLYING, souligne le caractère plus léger du film. « Le postulat de départ peut paraître sinistre, mais il y a en réalité beaucoup d’humour dans ce film. Richard s’est attaché à ne pas faire la leçon aux spectateurs, il a abordé ce sujet difficile avec beaucoup de délicatesse. Toute l’équipe tenait en outre à ce que les personnages soient justes et sincères. Notre objectif était d’être le plus fidèle possible à la vérité. »

Ce n’est pas la première fois que Richard Linklater allie humour et tragédie dans un de ses films. Il explique : « Comédie et tragédie sont à mes yeux indissociables. Je vois la vie comme une comédie noire à la fois triste et drôle. Et puis ces personnages me sont si chers que je tenais à les voir prendre vie sous les traits de ces formidables acteurs. »

LAST FLAG FLYING, qui explore le thème de l’amitié forgée en temps de guerre et altérée par les années, invite les spectateurs, comme nombre des films de Richard Linklater, à tirer leurs propres conclusions. Le cinéaste déclare : « J’aurais personnellement beaucoup de choses à dire sur la guerre, c’est un sujet sur lequel je pourrais être très didactique, mais ce n’était pas le but de ce film. J’espère que LAST FLAG FLYING fera réagir le public à plusieurs niveaux car il interroge plusieurs notions : celle d’une nation en guerre, mais également celle du sacrifice et de sa signification dans notre culture et notre monde. Je me sens suffisamment à l’aise pour évoquer ces sujets à l’échelle humaine. À chaque fois que l’on peut inciter les gens à réfléchir à ces questions, je pense qu’il faut le faire. »

Textes : Coming Soon Communication

  
#LastFlagFlying


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